mercredi 1 juillet 2015

Découverte en Allemagne de balles de fronde issues de la XIXème légion romaine



Des archéologues ont mis à jour sur un site allemand des balles de fronde en plomb qui auraient été abandonnées par un soldat de la XIXe légion romaine lors de la campagne romaine en vue de soumettre la Germanie.

La XIXe légion romaine a été levée vers 40 av. J.-C. par Auguste. Elle fut détruite en l’an 9, lors de la bataille de Teutobourg par des tribus germaniques, au même titre que deux autres légions.

Les fameuses balles de fronde ont été retrouvées en Allemagne par une équipe du service d’archéologie de Westphalie menée par Bettina Tremmel. La trouvaille a été faite sur l’ancien site du camp romain d’Haltern, à quelque 30 km de la ville de Dortmund le long de la Lippe, longue de 220 km. Ce camp faisait partie d’un large dispositif militaire destiné à soumettre des territoires germaniques se situant entre les le Rhin et l’Elbe.

Les Romains ont été les premiers à aménager le fleuve pour le rendre navigable et il semble que le camp d’Haltern avait une importance logistique cruciale. En effet, il abritait sept garnisons romaines, et était équipé d’un port ainsi que de cinq installations fortifiées. L’intégralité des camps composant le dispositif romain a été abandonnée après la bataille de Teutobourg.

« Malgré leurs armures, les soldats sont souvent plus gênés par les balles rondes des frondes, qu’ils ne le sont par toutes les flèches des ennemis. Les pierres tuent sans mutiler le corps ni verser le sang. Il est bien connu que les Anciens employaient des frondeurs dans toutes leurs batailles. Il y a toutes les raisons d’instruire les troupes dans l’art de la fronde, et cela sans exception puisque la fronde ne peut être considérée comme encombrante… » écrivait Végèce, haut fonctionnaire romain dans son livre De re militari datant de la fin du IVe siècle ou début du Ve siècle suivant les sources.
La fronde, utilisée depuis l’antiquité, est une arme qui pouvait être parfois plus efficace qu’un arc. Le point faible résidait dans le fait que les balles en plomb étaient très lourdes. C’est ce que devait penser Fenestela, un soldat romain ayant abandonné son sac de cuir de 6 kg, contenant 81 « glands », nom donné par les Romains aux balles de fronde.

Les archéologues fouillent le site depuis 1899 et le site lui-même a été découvert vers 1816. Depuis, les découvertes s’enchainent. Depuis 150 ans, 70 balles de fronde ont été retrouvées, mais la découverte récente est exceptionnelle.

Fenestela n’aurait peut-être pas abandonné les balles de fronde. En effet, des résidus de fonderie ont été retrouvés en même temps, ces derniers seraient des résidus de fabrication de balles de plomb. Ainsi, les balles retrouvées étaient peut-être destinées à la refonte.


Les archéologues ne savent pas si ce légionnaire était vraiment un frondeur ou s’il a vraiment jeté ces balles de fronde, mais son nom est apparu sur une assiette retrouvée dans le camp d’Haltern : il y aurait donc mangé.

Article de "Sciencepost.fr" écrit par Yohan Demeure

Trois croissants de lune dans le ciel



Non, il ne s’agit pas d’un effet d’optique sur la Lune, mais simplement de trois satellites de Saturne qui ont été photographiés par la sonde Cassini alors située à 2 millions de kilomètres de Titan, l’un d’entre eux. Une image prise à 1,3 milliard de km de la Terre.

Lancé en octobre 1997 la sonde spatiale Cassini s’est placée en orbite autour de Saturne en 2004. Depuis, elle a rempli toutes ses missions scientifiques, à savoir relever des données sur les anneaux de Saturne, sur Titan et les autres lunes glacées, ainsi que sur la magnétosphère géante de la planète.

Aujourd’hui et notamment grâce à cette mission, on connait 63 lunes de Saturne. Sur ce joli cliché datant du 25 mars 2015, on retrouve Titan (la plus grande), Rhéa (en haut à gauche de Titan) et Mimas (en dessous).

Avec ses 5 150 km de diamètre, Titan est la plus grosse lune de Saturne. Elle est principalement composée de roche et d’eau gelée. Son épaisse atmosphère composée à 98,4 % de diazote a longtemps empêché l’observation de sa surface jusqu’à l’arrivée de la mission Cassini-Huygens. Cette dernière a permis la découverte de lacs d’hydrocarbures liquides dans les régions polaires du satellite. Certains chercheurs suggèrent qu’un possible océan souterrain pourrait servir d’environnement favorable à la vie.

Rhéa (1 527 km) est le deuxième plus grand satellite de la planète par la taille après Titan. Il fut découvert en 1672 par Jean-Dominique Cassini.

Mimas est le satellite sphéroïde le plus proche de Saturne mais aussi le plus petit. Son diamètre est d’environ 400 km et fut découvert par William Herschel en 1789. La faible densité de Mimas laisse à penser qu’il est principalement constitué de glace d’eau avec une petite proportion de roches.

— Image : © Nasa, JPL-Caltech, Space Science Institute
Article de "Sciencepost.fr" écrit par JB Nail

Et si les plantes étaient capables "d'entendre" ?



La plante Arabidopsis thaliana (ci-dessus) déclenche un mécanisme de défense chimique lorsqu'elle détecte les vibrations acoustiques produites par la mastication d'une chenille dégustant l'une de ses feuilles. 

La plante Arabidopsis thaliana est capable de détecter les bruits de mastication des chenilles qui grignotent ses feuilles, et de libérer en retour des substances chimiques permettant d'éloigner ces prédateurs. Une aptitude probablement présente chez d'autres plantes également.

La plante Arabidopsis thaliana, cette célèbre plante de laboratoire qui est en quelque sorte pour les scientifiques l'équivalent végétal du rat, est capable de percevoir les signaux acoustiques produits par la mastication des chenilles lorsque ces dernières dégustent ses feuilles, ces vibrations se réverbérant au sein du végétal via tiges et feuilles.

Et ce n'est pas tout : une fois les vibrations acoustiques, Arabidopsis thaliana déclenche alors une réponse chimique destinée à éloigner les chenilles, en libérant des glucosinalates et des anthocyanes, des molécules connues pour éloigner les insectes (dont font partie les chenilles qui sont des hyménoptères, un ordre de la classe des insectes).

Cet étonnant résultat est publié le 2 juillet 2014 dans la revue Oecologia .

Pour parvenir à ce constat, la biologiste américaine Heidi Appel (Université du Missouri, États-Unis) et ses collègues ont tout d'abord enregistré les vibrations produites sur les feuilles par la mastication des chenilles, lorsque ces dernières sont en plein festin. Pour cela, les chercheurs ont utilisé un dispositif reposant sur un laser pointé sur les feuilles, qui a permis d'enregistrer les infimes vibrations produites sur les feuilles, et donc in fine et de reproduire les signaux acoustiques produit par la mastication.

Puis, dans un second temps, les auteurs de l'étude ont "rejoué" durant deux heures ces sons de mastication à un premier groupe de plantes Arabidopsis thaliana, via des les actionneurs piézo-électriques disposés sur leurs feuilles.

Enfin, les substances chimiques émises par ces plantes à l'issue de ce concert de mastication ont été analysées.

Résultat ? En comparant les résultats avec un deuxième groupe de plantes qui n'avaient pas été exposées aux sons de mastication des chenilles (groupe contrôle), les scientifiques ont constaté que les plantes du premier groupe produisaient un surcroît de glucosinalates et d'anthocyanes par rapport à celle du second groupe.

Pour les auteurs de l'étude, il s'agit clairement d'un mécanisme de défense naturel, visant à éloigner les prédateurs.

Une question demeure cependant : ces plantes sont-elles capables de distinguer les vibrations produites par les chenilles, de celles produites par d'autres sources ? Oui, répondent les chercheurs : en exposant Arabidopsis thaliana à des vibrations causées par d'autres insectes non nuisibles pour ces plantes, ainsi que des vibrations causées par le vent, les auteurs de l'étude ont constaté une absence totale de réaction chimique, contrairement à ce qui se passait lorsque ces vibrations étaient produites par des chenilles.

Ce résultat est-il extrapolable à d'autres espèces de plantes ? C'est probable. En effet, rappelons que Arabidopsis thaliana est la plante la plus étudiée par les scientifiques de par le monde (notamment du fait de son cycle de vie rapide). Par conséquent, si l'existence d'un tel mécanisme de défense a été détecté chez la plante la plus étudiée au monde par les scientifiques, il n'est pas interdit de penser que ce mécanisme se retrouve également chez d'autres végétaux.

Ce résultat vient à la suite d'autres travaux menés au cours de ces dernières années, également consacrés à la perception des vibrations par les plantes. L'une de ces études avait notamment suggéré que les plantes sont capables de répondre à des vibrations de faible amplitude produites par les plantes voisines, même lorsqu'il n'existe aucun contact chimique ou visuel entre les différentes plantes (se reporter notamment aux études "Love thy neighbor: facilitation through an alternative signaling modality in plants" et "Out of sight but not out of mind: alternative means of communication in plants").

Ces nouveaux travaux ont été publiés le 2 juillet 2014 dans la revue Oecologia, sous le titre "Plants respond to leaf vibrations caused by insect herbivore chewing" .

Article du "Journal de la science" écrit par Julie Aram


Tanabata, fête japonaise des étoiles

Tanabata (七夕), signifie « la nuit des septièmes », c’est la fête japonaise des étoiles, dérivant de la fête chinoise  des étoiles, Qi Xi (七夕 « La nuit des sept »), aussi appelé Chilseok (칠석) en Corée.
La fête célèbre le rendez-vous de Orihime (織姫, l’étoile Véga) et Hikoboshi (Altaïr, connu aussi comme l’étoile du bouvier 牵牛星 ou 牛郎星). La Voie Lactée, un rivière faite d’étoiles  qui traverse le ciel, sépare deux amoureux, et ne leur permet de se rencontrer qu'une fois par an, le  septième jour du septième mois lunaire du calendrier luni-solaire. Comme les étoiles apparaissent la nuit, la  célébration se déroule donc la nuit.
Dans le Japon moderne, Tanabata est célébré à la même date (7e jour du 7 mois, le 7 juillet) mais du calendrier  solaire actuel, ce qui avance la date de plus d'un mois par rapport au calendrier lunaire. Cependant, dans certaines régions, les célébrations se  tiennent toujours à la date originelle (ou en sont très proches), le septième jour du septième mois du calendrier  lunaire.

Histoire

La fête de tanabata a pour origine « La Fête des Souhaits de Talents » (乞巧節; qǐ qiǎo jié, ou 乞巧奠; きっこうでん); « L’Anniversaire des Sept  Sœurs » (七姐誕; qī jiě dàn);  « La Nuit des Talents » (巧夕; qiǎo xī), des noms alternatifs pour Qi Xi (Chinois: 七夕;  pinyin: qî xî; littéralement « La Nuit des Sept »), appelée parfois la Saint Valentin chinoise ou la Fête de la Pie,  qui était célébrée en Chine et fut adopté par le palais Impérial de Kyôtô  durant la période Heian. La fête s’est  répandue durant la période Edo, et s'est mélangée avec Bon ou Obon (, une fête japonaise bouddhiste destinée à honorer l’esprit des ancêtres, une fête qui se déroule le quinzième jour du septième mois). Durant la période Edo, les filles et les garçons écrivaient des souhaits sur des bandes de papier, les filles souhaitaient obtenir de meilleurs talents de couture et les  garçons une meilleure écriture. A cette époque la coutume était d’utiliser la rosée laissée sur les feuilles  de Taro (kalo en hawaiien, une plante de la famille des Aracées, le plus souvent de la sous-famille des Aroideae,  l’espèce la plus connue sous le nom de taro et la plus couramment cultivée est Colocasia esculenta), pour créer  l’encre utilisée pour écrire les souhaits. Incidemment, le Bon se tient maintenant le quinze d’août sur le  calendrier solaire, proche de la date originelle du calendrier lunaire, faisant de tanabata et de Bon deux  événements complètement distincts (Tanabata le 7 juillet et Obon/Bon le 5 août).
Le nom Tanabata est vaguement lié à la lecture japonaise des lettres chinoises 七夕, dont on avait l’habitude de lire  comme « Shichiseki » (しちせき). On croit qu’une cérémonie de purification shinto a existé aux environs de la même  période, dans laquelle une miko shinto (miko : 巫女, littéralement « fille du sanctuaire », un terme japonais qui signifie anciennement « femme shaman », « prêtresse ») tissait un habit spécial dans un tissu spécial appelé Tanabata 棚機 (たなばた) près  de l’eau et l’offrait à un dieu afin de prier pour la protection des cultures de riz contre les pluies ou les  tempêtes et pour une bonne récolte plus tard en automne. Graduellement la cérémonie fusionna avec 乞巧奠(きっこうでん), le  Festival de Souhaits de Talents, et devint Tanabata 七夕. Bizarrement l’écriture chinoise 七夕 et la lecture japonaise  Tanabata (たなばた) se rejoignent pour signifier la même fête, bien qu’à l’origine il s'agisse de deux fêtes différentes.

Conte

Comme Qi Xi et Chilseok, Tanabata a été inspiré par une fameuse légende du folklore chinois: la princesse et le  bouvier.
Orihime (織姫, la Princesse Tisserande) la fille du Tentei (天帝, le Roi du Ciel, ou de l’Univers lui-même, appelé  aussi tenkou)  tissait de très jolis habits sur les berges de la Rivière des Cieux (天の川 Amanogawa). Son père aimait  vraiment beaucoup les habits qu’elle tissait et ainsi elle travaillait vraiment dur chaque jour pour les tisser.  Malgré tout, elle était très triste car du fait qu’elle travaillait dur, elle ne pouvait rencontrer personne et  ainsi elle ne pouvait tomber amoureuse de personne. Soucieux du bonheur de sa fille, Tenkou arrangea pour elle la  rencontre avec Hokiboshi (彦星, l’étoile du Bouvier) parfois appelé Kengyuu (牽牛, nom chinois de Hikoboshi) qui vivait  et travaillait de l’autre côté de la rivière Amanogawa. Lorsque les deux se rencontrèrent, ils tombèrent  instantanément amoureux l’un de l’autre et furent mariés rapidement. Malgré tout, une fois mariée, Orihime cessa  de tisser des vêtements pour tenkou et Hikoboshi permit à ses vaches de paître partout à travers les Cieux. En  colère, Tenkou sépara les deux amoureux à travers la rivière Amanogawa, et leur interdit de se rencontrer. Orihime  fut abattue par la perte de son mari et demanda à son père de lui permettre de le rencontrer encore. Tenkou fut  touché par les larmes de sa fille et leur permit de se rencontrer le septième jour du septième mois si Orihime  travaillait dur et finissait son tissage. La première fois qu’ils voulurent se rencontrer, ils réalisèrent qu’ils ne  pouvaient pas traverser la rivière car il n’y avait pas de pont. Orihime pleura tellement, qu’une volée de pies  vint et promis de faire un pont avec leurs ailes afin que les amoureux puissent traverser la rivière. S’il pleut  les pies ne peuvent pas venir et les deux amoureux doivent attendre jusqu’à l’année suivante.
La variation suivante de l’histoire est connu en Chine et au Japon: un jeune fermier nommé Mikeran découvrit sur sa  ferme une robe qui, à son insu, appartenait à une déesse appelée Tanabata. Peu de temps après, Tanabata rendit  visite à Mikeran et lui demanda s’il l’avait trouvé. Il mentit  et dit à la déesse qu’il le l’avait pas mais qu’il  voulait bien l’aider dans sa recherche. Ainsi les deux finirent par tomber amoureux, se marièrent et eurent  beaucoup d’enfants. Seulement l’histoire ne s’arrête pas là. Un jour Tanabata nota la présence d’un bout de  vêtement qui avait jadis appartenu à sa robe, sur le toit de la hutte de Mikeran. Son mensonge fut découvert et  Tanabata accepta de lui pardonner à la seule condition qu’il tisse mille paires de chaussure en paille, mais  jusqu’à ce jour, elle le quitterait. Mikeran fut incapable de tisser les chaussure durant sa vie et ainsi ne pu  jamais revoir Tanabata. Il est dit, que les deux, se rencontre une fois par an lorsque les étoiles Altaïr et Véga  se croisent.

Coutumes

De nos jours au Japon, les gens célèbrent généralement Tanabata en écrivant des voeux, parfois sous la forme de  poème, sur des tanzaku (短冊), des petites pièces de papier, et les suspendent sur des bambous, parfois avec d’autres  décorations. Le bambou et les décorations sont souvent mis à flot sur une rivière ou brûlés après la fête, aux  alentours de minuit ou le jour suivant. Cela ressemble beaucoup à la coutume des bateaux en papier ou des bougies  flottant sur les rivières durant Obon. Il existe un chant  traditionnel de Tanabata:

Sasa no ha sara-sara     (笹の葉 さらさら)
Nokiba ni yureru            (軒端にゆれる)
Ohoshi-sama kira-kira    (お星様 キラキラ)
Kin Gin sunago             (金銀砂ご)

Traduction:

Les feuilles de Bambou bruissent, bruissent,
Se balançant dans les combles.
Les étoilent scintillent, scintillent;
Grains de sables or et argent.


Article de "shinryu.fr"

Comment le caméléon change-t-il de couleur ? Les chercheurs ont percé son secret


Comment le caméléon change-t-il de couleur ? Les chercheurs ont percé son secret par Gentside Découverte
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de la Faculté des sciences de l'Université de Genève a permis de percer le secret du changement de couleur des caméléons. Celui-ci réside dans des micro structures contenues dans la peau et capables de perturber la lumière visible, changeant rapidement de couleurs. 
Lorsque l’on évoque le caméléon, le premier concept qui vient à l’esprit est celui du mimétisme. L’animal est en effet connu pour ses remarquables capacités à changer rapidement de couleurs pour se fondre dans son environnement. Durant des années, les chercheurs ont étudié les particularité de sa peau afin d’en percer les mystères.
Une nouvelle étude menée par une équipe de biologistes de la faculté des sciences de l'Université de Genève apporte désormais un nouvel éclairage sur cet étrange phénomène. Si certains avaient évoqué le rôle éventuel de pigments contenus dans la peau de l'animal, les scientifiques ont mis en évidence un tout autre fonctionnement.
Selon eux, le changement d’apparence du caméléon serait régi par un maillage de nano-cristaux situé en surface et jouant sur la manière dont la lumière se reflète sur la peau. Une propriété qui diffère nettement de celle observée sur certains céphalopodes comme les pieuvres ou les calmars qui modifient leurs teintes en accumulant ou en dispersant des pigments contenus dans les cellules de leur peau.

Le caméléon panthère : expert du changement de teintes

Pour en arriver à de telles conclusions, les chercheurs ont centré leurs analyses sur un modèle bien particulier : le caméléon panthère (Furcifer pardalis). Cette espèce, endémique de Madagascar, est réputée pour changer instantanément de couleurs en fonction de son humeur.
Cette propriété caractéristique des mâles, permet lors d’une confrontation avec un rival de décider le dominant. Les teintes vives tout comme les motifs complexes qui apparaissent sur le corps leur permettent également de courtiser une femelle. Lors de leurs travaux de recherche, les biologistes ont ainsi examiné cinq mâles, quatre femelles adultes et quatre juvéniles.
Leur résultats, publiés dans la revue Nature Communications, indiquent que la peau des reptiles est composées en surface d’une couche de cellules spécialisées, appelées "iridophores". Ces cellules se distinguent par leur capacité à émettre de la couleur dite "structurelle".

Une perturbation de la lumière visible

La couleur structurelle est produite par des particules microscopiques organisées en réseau. Ces micro-structures perturbent la lumière visible, composée de différentes longueurs d’onde et créent ainsi des motifs colorés stables et iridescents. L’exemple le plus typique de ce phénomène peut être observé sur les plumes de la queue du paon aux superbes teintes irisées variant du bleu au vert.
"Ces couleurs sont en fait créées sans pigments, via un phénomène d'interférence optique. Elles dérivent des interactions entre certaines longueurs d'ondes et des structures nanoscopiques, telles de minuscules cristaux présents dans la peau des reptiles", explique dans un communiqué, Michel Milinkovitch, co-auteur de l’étude.
Néanmoins, ce phénomène est plus ou moins accentué grâce une couche de cellules aux pigments jaunes située au-dessus de la couche de cellules iridophores. En temps normal, les couleurs de ces pigments ne se voient pas car les iridophores, serrés les uns contre les autres ne reflètent que les longueurs d'ondes correspondant à la couleur bleue.
Mais lorsque le reptile se retrouve face à un rival ou une femelle, le réseau se dilate et l’espace augmente entre chaque cellule. Ceci permet la réflexion d'autres couleurs, comme le jaune ou le rouge. L’animal peut aussi présenter une couleur verte qui correspond simplement à un mélange entre le bleu de la couleur structurelle et le jaune des pigments. Cette teinte confère à l’animal la possibilité de se camoufler parmi les arbres.

Une protection supplémentaire contre les rayons du soleil

Au cours de leur recherche, les scientifiques ont également eu l’occasion observer une deuxième couche de cellules iridophores, située cette fois-ci plus en profondeur. "Ces cellules, qui contiennent des cristaux plus gros et moins bien organisés, réfléchissent une proportion importante des longueurs d'ondes infrarouges", conclut Michel Milinkovitch.
Selon lui, cette propriété permet à l’animal de se protéger contre les effets néfastes du soleil. Si ces découvertes permettent de mieux connaitre les caméléons et leurs fascinantes capacités, elles pourraient aussi inspirer les ingénieurs et physiciens pour la création de nouvelles technologies capables par exemple, d'éliminer des reflets.


Article de "Gentside découverte" écrit par Maxime Lambert

mardi 30 juin 2015

Comment transformer un moustique qui pique en un moustique qui ne pique pas



On a vu fleurir, ces dernières semaines dans la presse, les articles sur la présence du moustique-tigre en France. Détectée pour la première fois il y a une dizaine d'années dans le Midi, la bestiole a depuis fait du chemin, s'étalant jusqu'en Aquitaine et remontant la vallée du Rhône pour débarquer en Bourgogne. Originaire d'Asie du Sud-Est mais capable de s'acclimater dans des contrées moins chaudes, l'espèce inquiète car ses représentants sont potentiellement porteurs des virus de la dengue et du chikungunya, qu'ils peuvent inoculer aux humains en les piquant. D'autres espèces, comme Aedes aegypti ou certains anophèles, sont aussi vecteurs de maladies graves, notamment le paludisme ou la fièvre jaune. Ainsi que je l'avais écrit dans un précédent billet, s'il est un animal dangereux pour l'homme – hormis l'homme lui-même–, c'est donc bien le moustique.

Au point que, depuis quelque temps ont été élaborées de nouvelles stratégies de lutte, plus raffinées, plus ciblées, que le recours classique aux insecticides, lesquels, en plus d'être parfois toxiques pour les humains, frappent large et s'attaquent à des insectes non nuisibles. L'idée principale consiste à faire chuter les populations de moustiques en s'en prenant à leur reproduction. On a ainsi vu le Brésil lâcher dans la nature des insectes génétiquement modifiés pour que leur descendance ne puisse pas survivre. Autre possibilité, induire une stérilité soit par irradiation des mâles, soit par le biais d'une bactérie. A cet arsenal on pourrait désormais ajouter théoriquement une nouvelle arme à en croire les résultats d'une étude américano-chinoise publiée le 12 juin dans la revue Science : transformer les moustiques qui piquent en moustiques qui ne piquent pas.

Certains se demanderont comment on n'y a pas pensé plus tôt tellement l'idée paraît simple. Mais passer de la théorie à la pratique est loin d'être aussi facile. Avant d'aller plus loin, rappelons que, chez les moustiques, seules les femelles piquent, afin de pomper un peu de sang, qui contient les éléments nécessaires pour porter leur œufs à maturité. L'idée consisterait donc à transformer les femelles... en mâles. A reproduire en quelque sorte ce qui est connu chez l'homme sous le nom de syndrome du mâle XX ou de syndrome De la Chapelle, du nom du chercheur finlandais qui en a compris la cause. Voilà des individus porteurs de deux chromosomes sexuels X. A priori, l'affaire est entendue, il s'agit de femmes. Sauf que... non : ces personnes ont en général une apparence masculine et, surtout, le système génital qui va avec. En effet, ce qui détermine le sexe n'est pas tant les chromosomes que certains des gènes qu'ils portent ou non.

Chez l'humain, lors du développement de l'embryon, la présence d'un gène nommé SRY, normalement présent uniquement sur le chromosome Y, déclenche, un peu comme un interrupteur sur lequel on appuie, une cascade d'événements qui commence par la formation des testicules. Si le SRY est absent, parce qu'on a deux chromosomes X, rien de tout cela ne se produit et l'embryon finira par devenir une petite fille. Dans le cas du syndrome De la Chapelle, à cause d'une anomalie lors de la formation du spermatozoïde paternel, le gène SRY s'est retrouvé par accident sur le chromosome X et, pour cette seule raison, l'embryon s'est masculinisé.

En imaginant que l'on parvienne à implanter l'équivalent du gène SRY dans tous les embryons de moustiques, même ceux qui devraient naître femelles deviendraient des mâles. Le hic, c'est que, malgré le séquençage du génome de plusieurs insectes, on n'avait à ce jour jamais réussi à identifier ce "facteur M" (M comme "mâle"), c'est-à-dire le gène qui déclenche la fabrication d'un appareil génital mâle. C'est cet obstacle que viennent de lever, chez le moustique Aedes aegypti, potentiellement porteur de la dengue et de la fièvre jaune, les auteurs de l'étude parue dans Science. Toute la difficulté tenait dans le fait que ce facteur M se cachait dans une zone du génome où les séquences génétiques se répétaient énormément. Ces chercheurs ont donc examiné les endroits où le matériel était nettement plus importants chez les mâles que chez les femelles. Sur les 164 régions ainsi identifiées, une seule, appelée Nix, semblait pouvoir être reliée aux caractères sexuels, notamment parce que le gène s'exprimait très tôt dans le développement de l'embryon.

Pour tester Nix et voir s'il s'agissait bien d'un facteur M, cette équipe pluridisciplinaire – comportant des généticiens, des biologistes, des entomologistes, des biochimistes et un spécialiste de médecine tropicale – a en quelque sorte fait du couper-coller avec ce gène. Grâce à la technologie Crispr, qui permet de faire de l'"édition génétique", ils l'ont tout d'abord "éteint" chez des embryons censés donner des mâles. Ceux-ci se sont, dans leur grande majorité, féminisés ou bien ont souffert d'anomalies génitales. Puis, Nix a été inséré dans des embryons censés devenir des femelles, chez qui des organes génitaux mâles sont apparus... Pour ces chercheurs, Nix constitue donc bel et bien le premier facteur M identifié chez des moustiques et cette étude pourrait fournir la base d'une méthode de lutte contre ces insectes, qui transformerait les redoutables femelles en mâles inoffensifs, sans œufs à faire grandir et donc sans aucune raison de venir vous piquer un soir d'été, à l'heure de l'apéritif...

Article de "Passeur de sciences" écrit par Pierre Barthélémy

[Cave Art Rocks] Homo Sapiens et Flutiau Hero





Auteur : Taupo
Enregistrement : Julie