Comment le caméléon change-t-il de couleur ? Les chercheurs ont percé son secret par Gentside Découverte
Une nouvelle étude menée par des chercheurs de la
Faculté des sciences de l'Université de Genève a permis de percer le secret du
changement de couleur des caméléons. Celui-ci réside dans des micro structures
contenues dans la peau et capables de perturber la lumière visible, changeant
rapidement de couleurs.
Lorsque l’on évoque le caméléon, le premier concept qui
vient à l’esprit est celui du mimétisme. L’animal est en effet connu pour ses
remarquables capacités à changer rapidement de couleurs pour se fondre dans son
environnement. Durant des années, les chercheurs ont étudié les particularité
de sa peau afin d’en percer les mystères.
Une nouvelle étude menée par une équipe de biologistes
de la faculté des sciences de l'Université de Genève apporte désormais un
nouvel éclairage sur cet étrange phénomène. Si certains avaient évoqué le rôle
éventuel de pigments contenus dans la peau de l'animal, les scientifiques ont
mis en évidence un tout autre fonctionnement.
Selon eux, le changement d’apparence du caméléon serait
régi par un maillage de nano-cristaux situé en surface et jouant sur la manière
dont la lumière se reflète sur la peau. Une propriété qui diffère nettement de
celle observée sur certains céphalopodes comme les pieuvres ou les calmars qui
modifient leurs teintes en accumulant ou en dispersant des pigments contenus
dans les cellules de leur peau.
Le caméléon panthère : expert du changement de teintes
Pour en arriver à de telles conclusions, les chercheurs
ont centré leurs analyses sur un modèle bien particulier : le caméléon panthère
(Furcifer pardalis). Cette espèce, endémique de Madagascar, est réputée pour
changer instantanément de couleurs en fonction de son humeur.
Cette propriété caractéristique des mâles, permet lors
d’une confrontation avec un rival de décider le dominant. Les teintes vives
tout comme les motifs complexes qui apparaissent sur le corps leur permettent
également de courtiser une femelle. Lors de leurs travaux de recherche, les
biologistes ont ainsi examiné cinq mâles, quatre femelles adultes et quatre
juvéniles.
Leur résultats, publiés dans la revue Nature
Communications, indiquent que la peau des reptiles est composées en surface
d’une couche de cellules spécialisées, appelées "iridophores". Ces
cellules se distinguent par leur capacité à émettre de la couleur dite
"structurelle".
Une perturbation de la lumière visible
La couleur structurelle est produite par des particules
microscopiques organisées en réseau. Ces micro-structures perturbent la lumière
visible, composée de différentes longueurs d’onde et créent ainsi des motifs
colorés stables et iridescents. L’exemple le plus typique de ce phénomène peut
être observé sur les plumes de la queue du paon aux superbes teintes irisées
variant du bleu au vert.
"Ces couleurs sont en fait créées sans pigments,
via un phénomène d'interférence optique. Elles dérivent des interactions entre
certaines longueurs d'ondes et des structures nanoscopiques, telles de
minuscules cristaux présents dans la peau des reptiles", explique dans un
communiqué, Michel Milinkovitch, co-auteur de l’étude.
Néanmoins, ce phénomène est plus ou moins accentué grâce
une couche de cellules aux pigments jaunes située au-dessus de la couche de
cellules iridophores. En temps normal, les couleurs de ces pigments ne se
voient pas car les iridophores, serrés les uns contre les autres ne reflètent
que les longueurs d'ondes correspondant à la couleur bleue.
Mais lorsque le reptile se retrouve face à un rival ou
une femelle, le réseau se dilate et l’espace augmente entre chaque cellule.
Ceci permet la réflexion d'autres couleurs, comme le jaune ou le rouge.
L’animal peut aussi présenter une couleur verte qui correspond simplement à un
mélange entre le bleu de la couleur structurelle et le jaune des pigments.
Cette teinte confère à l’animal la possibilité de se camoufler parmi les
arbres.
Une protection supplémentaire contre les rayons du
soleil
Au cours de leur recherche, les scientifiques ont
également eu l’occasion observer une deuxième couche de cellules iridophores,
située cette fois-ci plus en profondeur. "Ces cellules, qui contiennent
des cristaux plus gros et moins bien organisés, réfléchissent une proportion importante
des longueurs d'ondes infrarouges", conclut Michel Milinkovitch.
Selon lui, cette propriété permet à l’animal de se
protéger contre les effets néfastes du soleil. Si ces découvertes permettent de
mieux connaitre les caméléons et leurs fascinantes capacités, elles pourraient
aussi inspirer les ingénieurs et physiciens pour la création de nouvelles
technologies capables par exemple, d'éliminer des reflets.
Article de "Gentside découverte" écrit par
Maxime Lambert
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire